
Conception : Théo Kailer
Avec : Angèle Arnaud, Camille Desvignes, Valérie Furiosi, Théo Kailer
Régie Générale : François Burelli
Administration : Valérie Moy
Compagnie agréée par le rectorat de l’Académie de Corse, éligible au Pass culture
Production : Compagnie Helios Perdita avec le soutien de la Collectivité de Corse
D’abord il y a Molière : retrouver sa langue, la visiter comme une cathédrale, l’habiter, la faire aimer avant que le souffle du temps ne l’ensevelisse définitivement. Observer la femme et l’homme, leur relation « sous haute vitalité » Une relation atomique.
Et puis, il y a Lucrèce, ce poète-philosophe latin du I° siècle av JC qui prône une philosophie, une spiritualité qui ignore le péché, la faute, la culpabilité, qui permet aux hommes de vivre en société sans crainte des dieux, des enfers, de la religion. Une pensée qui ne méprise pas le corps, la chair, les sensations, les émotions, les perceptions où le plaisir est souverain. Il y a la découverte enthousiasmante de la présence centrale de Lucrèce chez Molière. Même si la traduction du poète latin par Molière est égarée, on sent et on voit dans ses pièces l’extrême centralité de la pensée « Lucrècienne ».
Sachant cela, on comprend mieux comment, préfigurant les lumières à travers le lieu commun « libertin » dont on le gratifiait, comment, sa fronde à l’encontre de l’équivalence religion/médecine deux formes interchangeables de superstition dont il se moque, comment Lucrèce inspire Molière. Lucrèce qui envisage de déconstruire et détruire ce qui entrave et empêche son « vouloir libre », son « oui » à la vie. « Lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d’après nature. On veut que ces portraits ressemblent ; et vous n’avez rien fait, si vous n’y faites reconnaître les gens de votre siècle. »
La critique de l’école des femmes, Molière
Molière caricature les valeurs et les comportements de ses contemporains. Nous avons voulu nous appuyer sur la puissance comique de sa théâtralité́ pour regarder se confronter d’autres femmes et hommes contemporains à travers Le Misanthrope, Le Médecin malgré lui, L’Impromptu de Versailles, L’École des femmes. Tout cela sous le haut patronage de Vénus la déesse de l’amour chantée par Lucrèce.
Plus précisément, quelle réflexion contemporaine peut-on avoir sur l’œuvre de Molière lequel ne connaissait pas la pensée néo-féministe post MeToo ?
Cette œuvre à la puissance comique et poétique submerge toutes les nouvelles injonctions. Les lois de la nature dont Vénus est la grande timonière obéissent à un principe vitaliste et Molière le met en valeur. Molière qui donne la parole aux femmes, ne reste-t-il finalement qu’un suppôt de ce patriarcat honni et remis en question, mais pourtant moribond ?
« Hé bien, je suis le Dieu le plus puissant des Dieux,
Absolu sur la Terre, absolu dans les Cieux,
Dans les eaux, dans les airs mon pouvoir est suprême,
En un mot, je suis l’Amour même.»
L’Amour dans Psyché -Molière