Chant : Patrizia Poli
Piano, basse : Pascal Arroyo
Production : Nouvelles polyphonies corses
Coproduction : L’Aria
C’est le nouveau spectacle de Patrizia Poli créé en coproduction avec le pôle de formation et d’éducation par la création théâtrale L’ARIA. Après « VERSUNIVERSU », album récompensé par le grand prix de l’Académie Charles-Cros en janvier 2020, et une pandémie plus tard, l’artiste nous fait la surprise, heureuse et enthousiasmante, d’y bousculer les codes connus de son tour de chant. Pendant une heure trente, Patrizia, accompagnée par Pascal Arroyo au piano et à la basse, alterne une quinzaine de titres de son nouveau programme musical avec des prises de paroles libérées et enjouées. On y retrouve des titres de son dernier album co-composé avec ce dernier, mais aussi des chansons empruntées au répertoire international que l’on avait pu découvrir sous forme de vidéos sur les réseaux sociaux lors du premier confinement. Les propos sont drôles, complices, taquins, ironiques, tendres, ou émouvants, mais restent toujours respectueux des uns et des autres. À travers les confidences conjuguées à ses chansons, Patrizia nous donne à découvrir des scènes inédites.
Au-delà de son talent de « raconteuse », la force des scènes interprétées, tient au fait que chaque histoire est totalement vraie. Toutes les situations ont été réellement vécues par leur personnage central. Certaines scènes sont déroutantes et prêtent à réflexion, car elles révèlent combien la réalité, surtout lorsqu’elle est absurde, injuste
ou lamentable, parvient à écraser la fiction la moins crédible, ou la plus folle.
Le charme magique de ce nouveau spectacle est en fait, de réussir à créer un lien entre l’émotion artistique des chansons et les rires provoqués par les récits de scènes truculentes, dérisoires, affligeantes ou surréalistes … Ainsi, l’artiste nous guide dans un dédale d’anecdotes inouïes et stupéfiantes. Puisées, aussi bien, dans la solidarité de sa vie estudiantine à Nice, que derrière les murs de la prison de Borgo et d’un certain repas de Noël … Ou encore auprès de ce commando du FLNC sensible aux revendications de ses otages … Patrizia croque aussi quelques belles scènes de la vie publique. Elle nous raconte comment la gravité d’une cérémonie mortuaire parvient à exhaler des parfums de pastis au point d’en devenir insupportablement risible. Elle ne s’exonère pas pour autant d’autodérisions souriantes, rendant ainsi l’approche encore plus agréable. Mais l’apothéose de ce nouveau spectacle se vit sur scène … Pascal Arroyo, sans lequel rien de la magie musicale de ce spectacle ne serait possible, met son talent de musicien au service de textes qu’il prolonge avec la délicatesse et le génie créatif qui en font l’un des musiciens qui comptent dans le paysage de la scène française. Patrizia Poli, elle, occupe avec brio l’espace d’un spectacle unique, multiforme et probablement évolutif au gré de l’actualité … C’est donc une chance et une aubaine précieuse pour les amoureux de la scène, du spectacle… et de la culture vivante.